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MYKHA
25 octobre 2009

De l'occitan au flamand...

6a00e54ef84dfa88340120a674818b970c_320wiCe samedi a eu lieu une manifestation qui est passée un peu inaperçue dans les médias nationaux. Peut être parce qu'elle s'est déroulée à Carcassonne et non à Paris et qu'elle concernait surtout un problème purement régional. Le thème de cette mobilisation : la défense de l'occitan.
Entre 10 000 et 20 000 personnes ont défilé dans les rues de la cité médiévale afin de réclamer le développement de l'enseignement de l'occitan mais aussi la création d'une télévision et d'une radio par le service public dans la langue d'Oc.
Pour rappel, l'occitan concerne une trentaine de départements du sud de la France ainsi que le Val d'Aran en Espagne (où il a le statut de langue co-officielle) et une partie du Piémont italien. Le nombres de locuteurs varient fortement, allant de 580 000 à 3,5 millions, certains avançant même le chiffre de 12 millions, selon le degré de maîtrise de la langue.
A noter aussi qu'il existe une division au sein du mouvement occitan, entre les partisans de l'unicité de la langue et ceux qui la présentent comme un ensemble de dialectes proches (languedocien, auvergnat, gascon, provençal,...).
Cette manifestation a eu, au moins, l'avantage de poser le problème de la place des langues régionales en France.
En effet, sur cette question la Constitution de 1958 est claire, l'article 2 déclare que « la langue de la République est le français».
L'unité nationale s'est réalisée aussi sur cette seule reconnaissance du français et ce dès les origines de la République comme le proclamait le révolutionnaire l'Abbé Grégoire : "L’unité de la République commande l’unité d’idiome et tous les Français doivent s’honorer de connaître une langue, le français, qui désormais, sera par excellence celle des vertus du courage et de la liberté".
Ce fut une des bases de l'unité française, de cette communauté de destin au contraire d'autres modèles européens comme en Espagne où les régionalismes sont forts voire exacerbés.
C'est dans cette logique que la France a refusé de ratifier, suite à l'avis du Conseil Constitutionnel, la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires pourtant signée en 1999.
Même si la révision constitutionnelle de 2008 a reconnu que "les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France".

Concrètement, un rapport de 1999, remis à Lionel Jospin, dresse une liste de 75 langues régionales et minoritaires en France dont 23 en métrople.
13 d'entre elles font l'objet d'un enseignement public reconnu : le basque, le breton, le catalan, l'occitan, le corse, le tahitien, quatre langues mélanésiennes, le gallo, le francique et l'alsacien.

Le problème sur la place à accorder à ces langues est complexe entre ceux qui défendent un pluralisme linguistique national reconnu et ceux qui, comme l'Académie française, s'opposent à toute reconnaissance officielle et attribution d'un statut national à une autre langue que le français. 
Mais l'évolution récente de la Constitution sur cette question déclare que ces langues font partie du patrimoine national. Alors doit-on sauvegarder ce pan de notre histoire ou y renoncer ?
On ne peut à la fois combattre le poids écrasant de l'anglais au niveau mondial, sonner l'alarme concernant les langues mourantes des pays de l'hémisphère sud et participer à la disparition de langues présentes sur notre territoire. Car toute langue est une richesse culturelle, patrimoniale, et surtout est irremplaçable.
Le français est la langue de la Nation, de la République, statut qui ne semble pas être souhaitable de modifier. Mais il est nécessaire de sauvegarder les langues régionales et minoritaires en favorisant leur enseignement aux côtés du français et sur la base du volontariat. Car un idiome ne peut survivre et encore moins se développer sans enseignement.   

Question qui fait écho au problème de la place du flamand et de son enseignement en France.

Autocollant_ANVTLoin des chiffres de l'occitan, le flamand occidental serait parlé par 1 millions de personnes en Flandres belges, 90 000 aux Pays Bas et 20 000 dans les Flandres françaises.

Le west vlaamsch fait partie des langues régionales et minoritaires listées dans le rapport de 1999 mais il ne bénéficie d'aucun statut, ni reconnaissance officielle. Et alors même que certains s'opposaient à cette présence dans la liste, arguant qu'il n'était qu'un patois néerlandais et que de fait, une langue étrangère ne pouvait être également une langue régionale française.

Cependant, en 2007, a débuté une période d'expérimentation d'une durée de 3ans de l'enseignement du flamand dans des écoles du Nord à Wormhout, Noordpeene, Volckerinckhove et Esquelbecq.
L'évolution de cette expérimentation en enseignement durable dépendait de la motivation de la population mais aussi des autorités locales.
Etait-ce le renouveau du flamand en France ?
Si on s'en tient au succès au sein de la population, la réponse serait positive. En effet, une majorité d'enfants de ces écoles ont suivi les cours de flamand et en 2008, deux autres écoles (Lederzeele et Drincham) ont souhaité rejoindre l'expérimentation. Demandes qui furent rejetées par le Rectorat de Lille. Et alors que nous sommes dans la dernière année d'expérimentation, rien ne semble décidé pour la suite et surtout pas une évolution vers un enseignement durable alors même que les populations et les autorités locales le souhaitent.

D'après le quotidien flamand "De Morgen", il y a trois coupables à l'origine de ce qui s'annonce être un futur gâchis voire scandale.
Ce sont l'Inspection académique du Nord, le Taalunie (institution de promotion du néerlandais) et le Gouvernement Belge Flamand. Ces deux derniers auraient exercés des pressions sur la première afin de cesser l'expérimentation car elle représenterait une concurrence pour l'apprentissage du néerlandais alors même que cette langue n'est choisi que par 2% des éleves de la région comme seconde langue, principalement en raison d'une offre insuffisante et incertaine dans la continuité.
Les néerlandophones ont donc fait le choix, comme l'affirme L'Institut de la langue régionale flamande (ou Akademie Voor Nuuze Vlaamsche Tale), de "se tirer une balle dans le pied" plutôt que de se pencher sur leurs problèmes structurels.  Car l'apprentissage du flamand devrait être plutôt envisagé comme une étape préliminaire possible à celui du néerlandais. Et ceux qui font le choix d'apprendre le flamand le font parce que cette langue appartient à leur idendité culturelle au contraire du néerlandais. Et il est peu probable qu'en faisant disparaîre le flamand, le choix se porte sur le néerlandais. Il semble qu'en faisant disparaîte la première, on met en péril la seconde.
Et les autorités françaises ne sont pas exemptes de reproches, en plus de céder aux pressions, ils décident de sacrifier une langue régionale française afin de préserver l'enseignement d'une langue étrangère.

Mais voilà, le flamand n'est parlé que par quelques milliers de personnes et ne reçoit aucun soutien des pouvoirs publics autre que celui des autorités locales de la Flandre française et ne bénéficie d'aucun écho dans les médias au contraire de l'occitan, du breton ou du corse...
Le flamand meure et c'est une partie de l'identité culturelle du Nord et de la France qui s'éteint....

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