Un retour presque Royal
C'est fait, à quelques jours du Congrès de Reims, les adhérents du Parti Socialiste se sont prononcés sur les motions en lice. Et ce qui ressort de cette consultation est qu'aucune d'elles n'est réellement en tête.
Certains célèbrent la victoire (inattendue) de Ségolène Royal, mais est-ce vraiment une victoire ? Car elle l'emporte, certes, mais avec moins d'un tiers des suffrages. Loin des 60% du vote interne l'ayant désigné comme candidate à la présidentielle. Et ce score de 29% l'oblige à une alliance afin de s'imposer à la tête du parti.
Mais dans ce cas, avec qui ?
Delanoë, très longtemps favori et qui espérait obtenir la majorité il y a encore peu de temps, obtient 24.9% des voix. C'est une déception pour lui. Il a finalement souffert d'une campagne où il est apparu avant tout comme le candidat du statu quo, recevant le soutien des vieux éléphants (Hollande, Jospin,...) et puis en pleine crise financière, être le candidat incarnant la gauche libéral n'est pas des plus favorables. Il semble qu'une alliance entre la Poitevine et le Parisien semble peu probable dans le cadre d'une union exclusive entre ces deux motions, tant l'animosité entre eux est forte.
Martine Aubry, quant à elle, est revenu sur le devant de la scène. S'offrant un inattendu come-back au sein du parti mais aussi dans le paysage politique français alors que beaucoup la pensaient définitivement hors-jeu, cantonnée à la mairie de Lille. Mais sa force de caractère et son pouvoir de synthèse entre socio-démocrates et gauche du parti a séduit.
Aubry / Royal ? Est-ce possible ? Une fusion entre motion pourrait l'être mais dans ce cas Royal devrait renoncer à prendre la direction du Parti, semble-t-il.
Ce qui est certain est qu'aucune majorité ne se fera sans la maire de Lille.
Enfin, il y a le cas Benoît Hamon qui avec 19% démontre que l'envie de Gauche au sein du Parti Socialiste est tout sauf négligeable.
Nous sommes donc entrés dans une phase de négociations dont l'épilogue sera certainement réalisé à la dernière minute.
Aucune majorité claire, 4 motions proches les unes des autres, une "victoire" de la candidate la plus contestée au sein du parti socialiste... On peut craindre le pire.
Au lendemain de ce vote, Mélenchon et Dolez annoncent leur départ, n'acceptant pas ce résultat mais en étaient-ils encore membres ? Nous pouvons en douter... Départs qui ne représente qu'un épiphénomène, du moins dans un premier temps.
Le risque principal est de voir le PS, encore une fois, sacrifier l'intérêt du parti sur l'autel du sacro-saint consensus. Replongeant dans l'incapacité d'agir, de se prononcer, de proposer un véritable projet de société, bloqué dans ces luttes internes, s'accrochant à un fragile équilibre comme se fut le cas pendant la direction d'Hollande. Au risque de se perdre....
Alors si le respect du vote des adhérents oblige à donner une place centrale à la motion de Royal, on peut penser que celle-ci ne soit obliger de renoncer à la direction du parti Socialiste, cédant la place à un fidèle. Le nom de Vincent Peillon circulant beaucoup dans le petit monde médiatico-politique.
Et si une surprise se produisait car les candidatures sont libres, imaginons que faute d'accord les Royal, Aubry et Delanoë partent chacun de leur côté dans la course, soit en présentant une propre candidature, soit en envoyant des proches, Benoit Hamon confirmant son souhait de diriger le parti obtiendrait à la surprise générale le score le plus important....
Oh très peu probable car le PS n'aime pas les révolutions. Les choix que les adhérents font peuvent être déconcertants comme ce fut encore le cas avec la ""victoire"" de Royal mais n'est jamais aussi fou. Comme si la certitude de perdre devait tout de même s'accompagner d'un peu de démagogie faisant croire à la victoire...