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MYKHA
27 janvier 2009

Bazar Magyar

bazar_magyarAyant terminé les Liaisons Dangereuses plus tôt que prévu, je me suis retrouvé sans lecture pour le retour du Maroc. Profitant des quatre heures de retard de l'avion devant nous ramener à Bruxelles, je suis passé à la librairie de l'aéroport. Peu d'ouvrages m'inspiraient jusqu'à ce que je rencontre l'un d'entre eux : Bazar Magyar de Viviane Chocas. Le titre, la couverture évoquant la Hongrie ne pouvaient que m'attirer.
Et je n'ai pas regretté cette acquisition pourtant coûteuse (13euros au lieu des 4euros que coûtent le livre en France).
En une centaine de pages, la journaliste Viviane Chocas dont les parents sont Hongrois nous conte l'histoire de Klara, fille d'émigrés hongrois, née à Paris. Elle découvre ses origines, dans un premier temps, par la nourriture. Pour elle, la Hongrie se résumant à l'épicerie des Suba et à la cuisine maternelle faite de beiglis, de choux farcis, de beignets à l'abricot, de goulasch, et à l'omniprésence du paprika...
Progressivement, Klara part à la recherche de ses origines magyares. Des rencontres se font avec la cuisine, la langue, la famille restée à l'Est qui devient sienne, un pays, un peuple....
Elle traverse l'histoire récente de ce pays, du pays de l'Est à son ouverture à l'Ouest.
Les rencontres faites et les histoires relatées sont touchantes, sont belles.
Que ce soit la fuite de ses parents en 1956 vers la France, la chute du rideau de fer, la rencontre avec ce père enfermé jusqu'alors dans un certain mutisme, sans dévoiler la conclusion qui est un constat émouvant.

C'est un véritable coup de coeur pour ce livre que j'ai rencontré par le plus grand des hasards un jour de janvier à l'aéroport de Marrakech.
Il est possible que si ce livre me plait tant, c'est parce que la Hongrie est un pays que j'aime, que les lieux et plats évoqués ne me sont pas inconnus, que les quelques mots de hongrois présents n'ont pas besoin de traduction... Peut être mais peu m'importe, j'ai aimé ce livre.


"On est Vera, on est Gabor, on porte les visages d'une même jeunesse, on est Ferenc, on est Erzsébet, on avait vingt ans comme eux, on est resté c'était notre terre, pauvre terre, on lui faisait confiance, on en voulait pas d'autre. On était nus, momentanément dépouillés mais l'hiver, le froid, les Russes un jour passeraient leur chemin. [...] On est les mères, on est les pères, on est les frères qui avons pleuré dans la langue de notre malheur ces exilés qu'on ne caresserait plus que de loin, de loin. On est Pal, on est Krista, on est les enfants des non-fuyants, les enfants d'une génération qui n'a jamais appris l'insurrection de 1956 à l'école. On est les poètes qui n'avons pu oubliés le goût des mots, on est les nourrices, les villageoises qui avons préparé le pain des fuyards. On est le fleuve, on est une campagne, on est un lac plat sur des kilomètres, envahi de coccinnelles l'été, on est la vase, qui colle aux sandales plastiques quand on part se baigner au Balaton, là-bas aussi on marche sur des kilomètres dans la suave chaleur d'août en Hongrie, on est un rideau troué d'expériences, et le souvenir qui frappe, gicle et saigne, dérange les enfants qui sont nés ailleurs, alors on panse, on cicatrise, et on reconstruit par-delà l'épiderme, nouvelle cuirasse, on apprend à se glisser progressivement au fond des veines, à l'intérieur des os, on se glisse, on murmure on deviendra cendres et poussières, on parlera en songes. On parlera en toi."   


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